Les chercheurs des universités de Zurich et Bâle, d’Agroscope et de l’Institut de Recherche en Agriculture Biologique en Suisse ont fait une découverte surprenante qui pourrait révolutionner le monde de l’agriculture. Il s’agit des champignons mycorhiziens, capables d’améliorer les rendements agricoles sans recourir à l’utilisation de fertilisants chimiques ou de pesticides. Cette étude présente le potentiel incroyable de ces champignons pour augmenter significativement la productivité tout en préservant l’environnement.
Qu’est-ce que la mycorhize et comment fonctionne-t-elle ?
La mycorhize est une association symbiotique entre un champignon et les racines d’une plante. Le champignon enveloppe les racines ou s’introduit à l’intérieur et participe au développement des filaments absorbants supplémentaires. Cette interaction procure des avantages mutuels pour les deux partenaires :
- Le champignon fournit à la plante des éléments nutritifs essentiels tels que l’azote, le phosphore et d’autres minéraux,
- En retour, la plante offre au champignon des hydrates de carbone issus de la photosynthèse.
Ainsi, cette relation symbiotique permet aux plantes de mieux absorber les nutriments nécessaires à leur croissance et favorise l’échange des ressources entre les deux partenaires.
De la mycorhize aux rendements améliorés
Selon l’étude menée par les chercheurs, l’inoculation des sols avec des champignons mycorhiziens a permis d’augmenter les rendements de certaines parcelles jusqu’à 40 %. Cela signifie que ces champignons pourraient se révéler être une solution écologique viable pour améliorer la production agricole sans nuire à l’environnement.
Cependant, il est important de noter que l’effet bénéfique de la mycorhize n’a été observé que dans un tiers des parcelles étudiées. En effet, la présence de champignons pathogènes dans le sol conditionne l’action protectrice des champignons mycorhiziens. Dans les sols riches en pathogènes fongiques, les champignons mycorhiziens agissent comme une barrière protectrice pour les plantes. À l’inverse, ils n’apportent aucune contribution significative dans les sols sains dépourvus de pathogènes.
Le rôle des champignons mycorhiziens face aux pathogènes
Les chercheurs ont observé que les champignons mycorhiziens jouent un rôle prépondérant dans la protection des plantes contre les attaques de pathogènes fongiques présents dans le sol. Ils forment une sorte de bouclier protecteur autour des racines, empêchant ainsi les agents pathogènes d’entrer en contact avec celles-ci.
La mycorhize : une alternative écologique aux pesticides et engrais chimiques ?
L’utilisation des champignons mycorhiziens présente plusieurs avantages pour l’agriculture :
- Diminution de la dépendance aux intrants chimiques : leur utilisation permettrait de réduire considérablement le recours aux engrais chimiques et aux pesticides, contribuant ainsi à la préservation des écosystèmes et de la biodiversité,
- Réduction des coûts de production : les agriculteurs pourraient réaliser des économies sur l’achat des produits chimiques et tirer parti d’une meilleure productivité,
- Promotion de l’agriculture biologique : l’utilisation des champignons mycorhiziens constitue une alternative naturelle et écologique aux méthodes conventionnelles et pourrait encourager les agriculteurs à se tourner vers un mode de production plus respectueux de l’environnement.
Même si la mycorhize n’est pas encore considérée comme une solution universelle, elle représente indéniablement une avancée scientifique prometteuse pour l’avenir de l’agriculture. Les recherches à venir permettront de mieux comprendre les interactions entre les champignons mycorhiziens et les plantes, et d’optimiser leurs performances pour maximiser les rendements agricoles dans différents types de sols.
Le potentiel des champignons mycorhiziens pour améliorer les rendements agricoles sans avoir recours aux engrais chimiques et aux pesticides est une perspective enthousiasmante pour l’avenir de l’agriculture. Toutefois, des études complémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre dans cette symbiose et déterminer dans quelles conditions elle peut être exploitée de manière efficace et durable.